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EN BREF
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Les échecs : pourquoi tous ne doivent pas être mis à l’honneur ?
Amy Edmondson, professeure à la Harvard Business School, souligne que l’échec, bien qu’essentiel au progrès, n’est pas exempt de nuances. Dans son ouvrage, elle classe les échecs en trois catégories : les échecs basiques, qui résultent souvent d’étourderies et sont évitables ; les échecs complexes, causés par plusieurs facteurs rendant leur identification difficile ; et les échecs intelligents, qui offrent des leçons précieuses résultant d’expériences réfléchies.
Edmondson appelle les managers à reconnaître la distinction entre ces échecs afin d’éviter de célébrer ceux qui pourraient nuire à l’organisation. Elle recommande de former les employés, de créer un environnement où ils se sentent à l’aise d’admettre leurs erreurs et d’instaurer des systèmes capables de minimiser les échecs évitables. En outre, elle insiste sur la nécessité d’adopter un état d’esprit d’apprentissage, permettant ainsi à chacun de tirer des leçons des échecs intelligents sans craindre de stigmatisation.
Dans un monde où l’échec est souvent glorifié comme un passage obligé vers le succès, il est essentiel de comprendre que tous les échecs ne méritent pas d’être célébrés. Amy Edmondson, professeure de leadership et de management à Harvard, apporte un éclairage crucial sur la nécessité de faire la distinction entre les différents types d’échecs. Dans cet article, nous explorerons ses recommandations pour les managers, et discuterons de la manière dont une approche nuancée de l’échec peut favoriser un environnement d’apprentissage positif au sein des entreprises.
Un regard critique sur la glorification de l’échec
La culture du « tout échec est bon » s’est répandue au fil des ans, incitant les entreprises et les individus à adopter une mentalité où échouer devient une sorte de badge d’honneur. Cependant, cette vision simpliste ne prend pas en compte le contexte dans lequel l’échec se produit. Amy Edmondson met en avant l’importance de reconnaître les nuances de chaque situation. Par exemple, échouer dans un laboratoire de recherche innovant peut avoir des implications radicalement différentes que dans un secteur où des vies humaines sont en jeu, comme la médecine ou l’aviation.
Dans son livre, Right Kind of Wrong, Edmondson clarifie que l’échec doit être examiné avec une lentille critique. Elle distingue les échecs basiques, qui surviennent souvent à cause d’erreurs humaines évitables, des échecs complexes, qui résultent de plusieurs facteurs, et des échecs intelligents, qui sont le fruit d’expérimentations réfléchies. Comprendre cette distinction est crucial pour les managers qui souhaitent tirer les leçons des erreurs faites par leurs équipes sans influer négativement sur la culture organisationnelle.
Comprendre les typologies d’échecs
Les échecs basiques
Les échecs basiques sont les plus simples à identifier. Ils surviennent généralement dans des situations familières et sont causés par une seule source évidente, comme un manque de vigilance. Par exemple, un employé pourrait manquer un rendez-vous important parce qu’il n’a pas rechargé son téléphone ou a oublié une échéance clé. Ces types d’échecs sont souvent évitables et peuvent entraîner des conséquences disproportionnées si non gérés correctement. Edmondson souligne que ces échecs sont souvent le résultat d’une culture d’entreprise qui ne valorise pas suffisamment la vigilance et la préparation.
Les échecs complexes
Les échecs complexes sont plus subtils et se manifestent en raison de l’interaction de plusieurs facteurs. Par exemple, un employé pourrait manquer une réunion importante non seulement à cause d’un réveil mal réglé, mais aussi à cause de trafic imprévisible et d’un réservoir d’essence presque vide. Cela montre qu’une mauvaise gestion du temps ou un manque d’anticipation peut contribuer à des échecs qui semblent déroutants au premier abord. Edmondson recommande aux gestionnaires de former leurs équipes à l’anticipation et à la prise de décision proactive pour minimiser ces types d’échecs.
Les échecs intelligents
Les échecs intelligents sont ceux à célébrer. Ils résultent d’expériences réfléchies où des hypothèses ont été testées. Ces échecs sont inévitables dans un environnement innovant et peuvent fournir des informations précieuses. Edmondson encourage les managers à encourager leurs équipes à prendre des risques calculés pour apprendre. Quand un projet ne fonctionne pas comme prévu, l’important est de reconnaître que cet échec a pu offrir des leçons avant inaccessibles. Les échecs intelligents doivent être perçus non pas comme des déceptions, mais comme des opportunités d’apprentissage. Cela requiert une culture où l’on considère le risque et l’échec comme partie intégrante du processus créatif.
Création d’un environnement propice à l’apprentissage
Pour qu’une organisation puisse apprendre de ses échecs, Edmondson souligne qu’il est crucial de créer un environnement où les employés se sentent en sécurité pour partager leurs erreurs. Cette sécurité psychologique permet aux individus d’exprimer leurs préoccupations sans crainte de représailles. Les gestionnaires doivent faire preuve d’empathie et d’ouverture, favorisant ainsi une culture où la discussion ouverte sur l’échec n’est pas seulement acceptée, mais encouragée.
Les leaders doivent montrer l’exemple en partageant leurs propres échecs et les leçons qu’ils en ont tirées. Cela crée un climat de confiance où chacun peut se sentir à l’aise pour partager ses expériences. Paradoxalement, il convient d’abandonner la croyance que chaque échec doit être mis en avant. Au lieu de cela, c’est la réflexion sur ces échecs qui doit être valorisée. Le manager doit intégrer ces réflexions dans des réunions de débriefing où l’analyse des échecs devient un exercice d’apprentissage collectif.
Les recommandations d’Amy Edmondson pour les managers
Favoriser la formation des employés
Pour éviter les échecs inutiles, la première étape préconisée par Edmondson est une formation adéquate des employés. Chaque membre de l’équipe devrait être bien informé des procédures essentielles à suivre. Cela évite les erreurs de base et favorise un climat de vigilance. Une bonne formation ne se limite pas à des sessions ponctuelles, mais nécessite une préparation continue et des mises à jour régulières sur les meilleures pratiques.
Encourager la communication ouverte
Un autre point essentiel est la promotion d’une culture de communication ouverte. Les gestionnaires doivent s’assurer que leurs équipes se sentent libres de poser des questions et de chercher de l’aide lorsque cela est nécessaire. Cela permet de réduire la peur de l’échec, ce qui favorise l’émergence d’échecs intelligents. Edmondson souligne qu’une culture de soutien renforce la capacité des employés à collaborer et à innover ensemble.
Réduire les risques d’échecs évitables
Les managers ont également la responsabilité de concevoir des systèmes efficaces visant à réduire les échecs évitables. Par exemple, dans les institutions financières, des vérifications supplémentaires avant des transactions importantes peuvent réduire les erreurs catastrophiques. De même, dans le domaine médical, des procédures et des listes de vérification permettent d’éviter des erreurs fatales. Bien pensé, un système peut être un rempart contre les erreurs humaines.
Apprendre à travers l’échec
Accepter la notion qu’il est normal d’échouer fait partie intégrante du développement d’un état d’esprit de croissance. Les leaders doivent encourager leurs équipes à appréhender chaque échec comme une occasion d’apprendre et de s’améliorer. En instaurant des exercices de réflexion sur les erreurs commises, les équipes peuvent établir des analyses de causes approfondies. Cela aide à transformer un échec auparavant blessant en un outil puissant de développement personnel et professionnel.
Pour que cela soit efficace, les managers doivent poser des questions constructives, comme : « Que pouvons-nous apprendre de cela ? » ou « Comment pouvons-nous éviter de répéter la même erreur ? » L’accent doit être mis sur l’optimisation continue plutôt que sur l’attribution des culpabilités. Cela nécessite un changement de mentalité au sein de l’entreprise, où l’échec est considéré comme une composante essentielle de l’innovation.
Le rôle des leaders dans la gestion de l’échec
Les leaders jouent un rôle déterminant dans la manière dont l’échec est perçu au sein d’une organisation. Leur comportement et leur attitude à l’égard des erreurs peuvent influencer la culture d’entreprise de manière significative. Un leader qui montre une attitude positive face aux échecs, en les utilisant comme des opportunités d’apprentissage, inspire ses équipes à faire de même. D’un autre côté, un leader qui punit les échecs peut créer un climat de peur, où les employés évitent de prendre des risques, ce qui limite l’innovation.
Pour instaurer un climat où l’échec est perçu comme un passage à l’apprentissage, les leaders doivent adopter des pratiques de reconnaissance qui mettent en avant le processus d’apprentissage plutôt que le résultat final. Cela peut inclure des sessions de partage où les membres de l’équipe présentent non seulement leurs succès, mais aussi les échecs qui ont précédé ces réussites.
Conclusion : La voie vers un apprentissage efficace
Il est crucial que les entreprises apprennent à valoriser les échecs intelligents sans glorifier tous types d’échecs. Les recommandations d’Amy Edmondson offrent une feuille de route précieuse pour les managers souhaitant développer une culture d’apprentissage et d’innovation. En adoptant une approche réfléchie, chaque organisation peut transformer ses échecs en outils de progression, profitable pour tous.

Témoignages sur les échecs : pourquoi tous ne doivent pas être mis à l’honneur ? Les recommandations d’Amy Edmondson de Harvard pour les managers
Dans le monde du travail, les échecs sont souvent célébrés comme des opportunités d’apprentissage. Cependant, tout échec n’est pas nécessairement enrichissant. Amy Edmondson, professeure à la Harvard Business School, insiste sur la nécessité de distinguer les bons échecs des mauvais échecs. Selon elle, la clé réside dans le contexte dans lequel un échec se produit. Célébrer inconditionnellement tous les échecs pourrait mener à des conséquences désastreuses, en particulier dans des domaines critiques comme la chirurgie ou l’aviation.
Edmondson propose trois types d’échecs : les échecs basiques, qui sont souvent évitables; les échecs complexes, qui résultent de multiples facteurs; et les échecs intelligents, qui peuvent nous fournir des enseignements précieux. Les managers doivent se concentrer sur la promotion de ce dernier type. En encourageant un environnement où il est sûr d’expérimenter et d’apprendre, les dirigeants doivent cependant garder à l’esprit que tous les échecs ne sont pas créés égaux.
Un directeur d’entreprise explique : « Lors de notre dernier lancement de produit, nous avons fait une erreur de calcul dans le budget qui a conduit à un échec. Nous avons célébré cet échec comme un apprentissage, mais en y regardant de plus près, il était totalement évitable. Nous n’avions pas vérifié les chiffres de manière rigoureuse. Cela nous rappelle que nous ne devons pas applaudir tous les échecs, surtout ceux qui résultent d’un manque de diligence. »
Un autre cadre souligne l’importance des échecs intelligents: « On doit accepter que l’innovation vient avec des risques. J’ai récemment encouragé mon équipe à tester une nouvelle approche dans un projet. Bien que cela ait échoué, nous avons obtenu des informations que nous n’aurions jamais eu autrement. C’est le genre d’échec que je veux promouvoir, là où il y a une réflexion et une stratégie derrière les actions entreprises. »
Edmondson recommande aussi aux managers de créer un cadre où les employés se sentent en sécurité pour parler de leurs échecs sans craindre la stigmatisation. Un responsable de ressources humaines partage son expérience : « Nous avons mis en place des sessions de débriefing où chacun peut partager un échec sans jugement. Cela a amélioré la culture de notre entreprise. Les employés apprennent que chaque erreur peut mener à quelque chose de positif, tant que l’on s’engage à en tirer des leçons. »
En somme, le discours d’Amy Edmondson rappelle à tous les leaders que pour tirer profit des échecs, il est essentiel de faire preuve de discernement et de ne pas encourager une culture de la fausse bravade envers l’échec. En reconnaissant la spécificité des différents types d’échecs, ils peuvent mieux guider leurs équipes vers un véritable apprentissage et une croissance durable.


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